La série Resident Evil : Infinite Darkness est disponible depuis quelques jours sur Netflix et autant dire qu’elle ne rempli aucune case du contrat, même s’il fallait s’y attendre. C’est notre coup de gueule du jour : verra-t-on enfin une adaptation potable de Resident Evil à l’écran ?

Plusieurs tentatives… que des échecs !

 

La série Resident Evil : Infinite Darkness n’a pas forcément fait beaucoup de bruit. Et pour cause : elle est sortie discrètement sur Netflix et elle est noyée dans une quantité de projets d’adaptation à l’écran qui fait que le public lambda ne s’y retrouve pas du tout, entre le film Resident Evil : Welcome to Raccoon City et la nouvelle série live-action de Netflix.

Pourtant, ici nous sommes sur un projet totalement différent. Quand le prochain film, reboot de la saga Resident Evil au cinéma, et la future série Netflix, actuellement en cours de production, sont tous les deux produits par la société Constantin Film, les mêmes derrière les films de Paul W.S. Anderson, la série Resident Evil Infinite Darkness est produite directement par Capcom, tout comme l’ont été Degeneration, Damnation et Vendetta. 3 films qui, à la différence des live-action, comptent directement dans l’histoire de la saga Resident Evil.

Et pourtant, ces 3 films ne sont clairement pas des bons films : mal réalisés, à l’animation vieillie et dépassée et à l’histoire généralement simpliste. Ils sont presque inutiles… Même s’ils sont clairement plus fidèles aux jeux vidéo que nous aimons, reprennent les personnages, les créatures, l’histoire, etc. Mais ils se destinent clairement à un public bien particulier : le fan.

A l’inverse des films live de Paul W.S. Anderson qui s’adressent avant tout à un public néophyte et qui se déroule dans un univers totalement indépendant des jeux, en ne reprenant que quelques éléments importants de la saga. Avec le succès que l’on connait : la saga a eu le droit à 6 films et reste la saga adaptée d’un jeu-vidéo la plus rentable de l’histoire, tout en restant clairement, et pour des raisons évidentes et compréhensibles, détestée par une grande partie des fans des jeux.

Les films d’animation eux, sont tout l’inverse. Il vaut mieux avoir bien suivi les jeux pour pouvoir tout comprendre. Le néophyte aura du mal à tout suivre, les réalisateurs partant du principe que celui qui regarde ces films est connaisseur des jeux. Avec leur faible potentiel, on comprend pourquoi le budget est clairement réduit à son minimum et qu’ils ne soient pas sortis sur grand écran mais directement en DTV (Direct-To-Video). Une cible modeste, avec un succès modeste, mais suffisant pour produire 3 films. Et désormais une mini-série sur Netflix. « Mini-série » désignant les séries qui, dès le départ, sont conçues sous forme d’un seule saison. On peut citer les excellentes séries Chernobyl, Watchmen, Band of Brothers ou encore plus récemment Le Jeu de la Dame.

Ca commence mal…

 

Mais ici, « mini-série » a clairement un double sens pour décrire Infinite Darkness. Alors oui, il y a bien une unique une saison, mais ce qui frappe surtout c’est que nous n’avons que 4 épisodes de 25 minutes. Et si on chipote et qu’on enlève le générique de début et de fin, on se retrouve avec 21 minutes. Soit, une série qui dure, au total, 1h24. Autant dire que nous sommes en présence d’une série moins longue que la durée moyenne d’un film (1h42 en 2018). On se demande alors si la série n’a pas été pensée à l’origine comme un film avant qu’ils fassent un deal avec Netflix et qu’ils effectuent quelques changements rapides pour transformer ce court film en une série tout aussi courte.

Passée la déception de la durée de la série, on ne se laisse pas abattre et on la lance. Et là. Catastrophe. Visuellement, on n’a pas vraiment évolué depuis le premier Degeneration qui est sorti en 2008. Si les décors passent encore, malgré une relative pauvreté et un manque clair d’imagination (Oh ! Un laboratoire circulaire sous-terrain !), les personnages restent figés comme si, pardonnez-moi l’expression, ils avaient un balais dans le cul. Aucune émotion ne se lit sur leur visage lisse et les yeux sont totalement vides de la moindre expression. Ne parlons pas de l’animation des cheveux qui semble plus réussie dans Final Fantasy : Les Créatures de l’Esprit, le premier film d’animation qui se voulait photo-réaliste et qui est sorti il y a 20 ans (!).

L’animation de la série est presque laide dans sa globalité et je pense honnêtement que certaines cinématiques in-game des derniers jeux sont clairement plus réussies. Et ne parlons pas des magnifiques cinématiques d’Operation Raccoon City, qui était pourtant un jeu mineur. Mais clairement, pour Infinite Darkness, on comprend très vite que le [très] petit budget a imposé de terribles limitations.

Mais quand on passe outre la déception visuelle, on essaie de se rassurer en se disant que l’histoire sera à la hauteur, que le duo Claire et Leon va faire des miracles comme à l’ancienne et qu’on va pouvoir profiter pleinement de la série. Et c’est là que le bât blesse. En terme d’histoire, on sent clairement que le tout a été brainstormé en 20 minutes. Tout a été vu et revu. Aucune surprise, aucun suspens, aucune originalité. On ne frissonne pas, on n’a pas peur. La série n’apporte clairement rien à la saga.

… et ça finit mal !

 

Les rares parties de la série qui auraient pu être intéressantes, la Maison Blanche et le sous-marin, sont expédiées à vitesse grand V là où on aurait pu avoir des scènes anxiogènes et véritablement horrifiques. Imaginez une séquence à la Dernier Train pour Busan mais dans un sous-marin ? A la place nous avons des rats zombies inexploités et Leon qui s’exclame, tout seul, « j’aurai dû apporter du fromage ». Sérieusement ? Depuis quand Leon S. Kennedy est devenu un gros beauf ? Car en terme de catchphrases pourries, il est assez fort. Comme lorsqu’il balance un ridicule « reposez en paix bande de connards ! ». Alors certes, les dialogues dans la saga n’ont jamais vraiment volé haut mais là on touche tristement le fond…

D’ailleurs, Leon est devenu un connard clairement hautain et en devient détestable. A se demander si Hiroyuki Kobayashi, producteur des films d’animation et de la série, est véritablement fan de ce personnage. L’attitude de Leon avec Claire Redfield est d’ailleurs questionnable car on n’a l’impression qu’il ne la supporte pas du tout.  Aucune alchimie entre les deux qui, pourtant, sont liés par un passé commun très fort.

Mais parlons justement de Claire. Notre très chère Claire Redfield. A quoi sert-elle ? Rien. Son arc narratif est d’une vacuité qui bat tous les records. On l’aurait entièrement coupé au montage qu’on n’aurait pas remarqué son absence. Elle n’a qu’une poignée d’apparition dans la série où elle semble là pour servir d’argument de vente ou de pauvre demoiselle en détresse qui doit être sauvée par Leon . Pauvre Claire. Pauvre Leon. Pauvres personnages en général, qui, soyons honnêtes, ont autant de personnalité et de charisme qu’un carton de pizza vide.

Alors certes, on est fans de Resident Evil. Alors regarde la série. Mais en vrai on pourrait aller au fond des choses et se dire que, si vous n’avez pas l’envie, pas le temps, pas Netflix, ne vous forcez pas. Vous ne loupez absolument rien.

Peut-on avoir de l’espoir ?

 

Et c’est vraiment triste. La saga Resident Evil est clairement une saga riche. On pourrait raconter mille et une choses. De nombreux films de zombies nous ont montré qu’on pouvait faire quelque chose de formidable avec ce sujet, comme en témoignent 28 jours et 28 semaines plus tard, Le Dernier Train pour Busan, l’Armée des Morts ou encore [REC]. Car franchement, entre les adaptations à côté de la plaque de Paul W.S. Anderson, qui restent assez fun pour certains de ces opus, les films d’animation et maintenant cette « mini-série », on se demande si les adaptations de Resident Evil sur grand ou petits écrans seront enfin, un jour, potables et dignes des jeux qu’on adore ? Quelque chose qui nous fasse peur, qui nous fasse frémir. Avec des personnages qu’on aime. Et une histoire intéressante.

Alors certes, on pourra répondre qu’il y a de l’espoir avec Resident Evil : Welcome to Raccoon City. Mais honnêtement j’y crois assez peu. Les 2 premiers jeux résumés en un seul et même film d’une heure et demie ou deux heures ? Si encore cela avait été Resident Evil 2 et 3, ok, passe encore, vu qu’ils se passent tous les deux au même endroit. Mais le premier jeu et le deuxième sont tous les deux dramatiquement différents. Même si on peut noter qu’ils ont l’air d’avoir fait très attention aux détails et ça fait plaisir. Mais quand on y pense, les détails étaient aussi présents dans Resident Evil Apocalypse et voyez ce que ça a donné… Et surtout n’oublions pas que les producteurs derrière ce remake sont exactement les mêmes que ceux qui ont fait les films de Paul W.S. Anderson !

Ils produisent aussi la nouvelle série live-action Netflix actuellement en production. Nous n’avons pas vraiment beaucoup de détails sur cette dernière, mais le peu qu’on connait à propos de son histoire n’est vraiment pas brillant. On peut même se permettre de dire que c’est digne des pires films d’Anderson. On verra bien, surtout que le casting se révèle surprenant et prometteur.

Quoiqu’il en soit, seul l’avenir répondra à la question « verra-t-on enfin une adaptation potable de Resident Evil à l’écran ? ». Mais il serait sage de se montrer prudent et de ne rien attendre de ces différents projets. Au moins, nous ne pourrons qu’être agréablement surpris !

 

Nemesiscv

Nemesiscv

Co-fondateur de Resident Evil France. Vit de cinéma.